Rencontre insolite à l’initiative d’un professeur de français du lycée professionnel

Les élèves de CAP ont reçu la visite d’un meneur de chiens et de ses huskies, hier matin. Une animation aussi inédite qu’appréciée…

Un parfum de ruée vers l'or à Vauban

À peine sorties de la remorque, aussitôt adoptées… « Elles sont trop belles ! », lancent les jeunes, conquis par les sept chiennes huskies de Laurent Pradier.

Le président du club de randonnée à chiens de traîneau de Charmoy, Le Loup randonneur, fait les présentations : « Celle-là s'appelle Syogan. C'est la plus vieille, elle a 12 ans. Elle, c'est Galak, la plus jeune. Elle vient d'avoir 2 ans. Et elle, Boréale, ma chanteuse ! », dont les cris font craquer une élève : « J'adore quand elles font ça… »

Utilisés pour « redonner confiance aux enfants mordus par des chiens »

« On peut les caresser ? », interroge une autre. « Allez-y, vous ne risquez rien », assure Jean Frégeac, secrétaire du club. D'ailleurs, « les huskies sont parfois utilisés pour redonner confiance à des enfants mordus par des chiens », confie l'intéressé. Dociles, les protégées de Laurent Pradier se laissent câliner sans broncher. Entre deux « papouilles », certains photographient les stars du jour.

Pendant ce temps, le président du club de Charmoy présente son traîneau et explique les rudiments de la conduite : « On a un frein à pied et des ancres à neige, en cas de fortes pentes, mais aussi un tapis qui permet de freiner en douceur. »

Puis Laurent Pradier harnache ses chiennes devant le kart. D'un coup, la meute redouble de hurlements et ne tient plus en place, au point de s'emmêler les pattes dans les cordes… Mais le départ ne tarde pas et l'excitation retombe. Voilà les huskies partis bille en tête pour un tour de cour. « Droite, gauche, devant… », quelques mots suffisent au musher (meneur de chiens) pour guider ses complices, qui en resteront là leur tour bouclé. « Il fait trop chaud pour elles », confie cet amoureux de chiens de traîneau, qui arpente régulièrement la forêt d'Othe et le canal de Bourgogne.

Qu'importe, le professeur de français, Nicolas Garompolo, a réussi son coup avec cette animation inédite, à l'issue de laquelle les jeunes ont remis à Laurent Pradier des affiches sur les chiens de traîneau, réalisées en cours. « J'ai organisé cette rencontre car on travaille sur la période de la ruée vers l'or », indique l'enseignant, qui a embarqué trois classes de CAP dans ce voyage dans le temps.

« C'est une période très riche, qui a inspiré plein d'écrivains ». Dont Jack London bien sûr, l'auteur de Croc-Blanc , ce chien mi-loup confronté à la cruauté des hommes, que le prof a exploité à sa manière.

« Un prof doit s'amuser, sinon il devient un mauvais prof »

« À partir de la lecture du roman, les élèves ont réécrit les dialogues de la bande dessinée de Croc-Blanc. » Au programme également, les aventures de Lucky Luke ou de Picsou au Klondike, dont le nom évoque à lui seul la ruée vers l'or au Canada, à la fin du XIX e siècle.

BD, rencontres comme celles d'hier avec Laurent Pradier, rédaction d'articles… Autant de moyens pour Nicolas Garompolo d'amener les jeunes à « voyager ». « En CAP notamment, il faut arriver à les intéresser. Le but du jeu est de leur apprendre des choses sans qu'ils aient l'impression d'apprendre », poursuit l'intéressé, qui aime « raconter des histoires » et « s'amuser ».

« J'ai toujours gardé à l'esprit une réflexion de mon maître de stage. Il disait qu'un prof doit s'amuser, sinon il devient un mauvais prof », raconte Nicolas Garompolo.

Christophe Pacalet